Résumé 52HJ8
Les cancers d’intervalle du programme de dépistage des cancers du sein en France, collaboration structures de gestion du dépistage et registres des cancers.
interval cancers in French breast cancer screening programme, collaboration between screening centres and cancer registries
Exbrayat C(1), Molinié F(2), Plaine J(3), Rogel A(3)
1 ODLC CS 70139 38244 Meylan cedex
2 Registre Loire Atlantique Vendée
3 Santé publique France
dépistage cancer sein intervalle sensibilité
breast cancer screening interval sensitivity
Contexte et objectifs
Le programme de dépistage des cancers du sein a été généralisé en France en 2004. L’évaluation des performances de ce programme repose d’une part sur les taux et les caractéristiques des cancers dépistés, établis par Santé publique France à partir des données des structures de gestion et d’autre part sur le calcul de la sensibilité de la procédure dans les départements avec enregistrement exhaustif des cancers en population, de type registre de cancers. Dans le cadre d’un groupe de travail collaboratif Santé publique France/Registres des cancers/Structures de gestion du dépistage organisé (SGDO) un guide de définition opérationnelle des cancers d’intervalle et dépistés a été établi pour permettre une classification homogène des cas. Un croisement des données entre registres des cancers et structures de gestion a ensuite été réalisé pour valider ces définitions et analyser la sensibilité du programme et les caractéristiques des cancers d’intervalle. Depuis 2008 les mammographies numériques ont été introduites dans le programme. Une analyse complémentaire sur les données de l’Isère pour une période plus récente a étudié l’impact des changements de technologie des mammographies sur la sensibilité.
Population et méthodes
Le croisement des données entre registre des cancers et structures de gestion a porté sur les années d’incidence des cancers entre 2004 et 2010 à 2012 en France métropolitaine et a permis d’identifier les cancers d’intervalle pour les mammographies réalisées entre 2004 et 2008 à 2010. Les caractéristiques des cancers d’intervalle et des cancers dépistés ont été transmises à Santé publique France par les SGDO et analysées en fonction de l’année de mammographie, de l’âge au dépistage, du rang de participation, de la densité mammaire et de la prise de traitement hormonal substitutif. Ces différents critères ont été inclus dans une analyse multivariée portant sur les 8 premiers départements. L’étude complémentaire en Isère a observé les variations selon l’âge, le rang de participation et la technologie des mammographes pour les examens réalisés de 2003 à 2011.
Résultats
14 départements disposant d’un enregistrement exhaustif des cancers en 2004 (13 registres et un recueil multisource type registre) ont été inclus dans le projet d’étude ; 13 ont fourni des données à Santé publique France et 11 ont pu être intégrés dans l’analyse (Calvados, Doubs, Gironde, Isère, Loire Atlantique, Bas Rhin, Haut Rhin, Rhône, Somme, Tarn, Vendée). Les périodes concernaient les mammographies de 2004 à 2008 pour 7 départements, 2009 pour 2 départements et 2010 pour 2 départements. L’étude a porté sur 17 574 cancers dont 83 % de cancers dépistés et 17 % de cancers d’intervalle pour 1 976 224 dépistages. Le taux de cancers d’intervalle était de 1,55 pour 1000 femmes dépistées. La sensibilité du programme est stable selon les années mais varie selon les départements de 79 % à 87 % pour des taux de 1,18 à 1,82 ‰. Elle augmente avec l’âge (87 % entre 70 et 74 ans contre 79 % entre 50 et 54 ans) et est plus élevée en 1ère participation au programme (83 % vs 82 % pour les participations suivantes) ; elle diminue pour les densités mammaires élevées (Type 3 et 4 : 68 et 76 % Type 1 et 2 : 88 et 82 %) et la prise de traitement hormonal substitutif (79 % vs 83 %). Les caractéristiques histologiques ont été analysées pour 12 827 cancers dépistés et 2716 cancers d’intervalle à partir des données de 11 départements. Les cancers d’intervalle sont moins souvent in situ que les cas dépistés (8 % vs16 %) et sont de stade moins précoce (69 % de T1 et 62 % de N0 vs 81% et 74 % pour les cas renseignés). Tous ces résultats ont été retrouvés de manière indépendante en analyse multivariés dans l’analyse préliminaire sur 8 départements.
Les résultats complémentaires en Isère retrouvent l’augmentation du risque chez les femmes les plus jeunes. Les résultats selon la technologie montrent une sensibilité globale de 83,1 % pour la technologie analogique, de 83,7 % pour la technologie numérique CR et 85,1 % pour la technologie numérique DR. Ces résultats portent sur un faible nombre de cas et les différences ne sont pas statistiquement significatives.
Discussion conclusion
Cette première évaluation de la sensibilité du programme de dépistage sur l’ensemble des données françaises a permis de comparer les performances du programme français aux données internationales. Les résultats sont globalement conformes avec une sensibilité de 83 %. Des travaux complémentaires seront à développer pour explorer les différences observées dans les départements. Les caractéristiques des cancers d’intervalle sont comparables aux données publiées dans la littérature avec des stades de diagnostic plus avancés que les cancers dépistés. On retrouve l’impact de l’âge plus jeune et des densités mammaires élevées sur le risque de cancer d’intervalle. L’impact de la prise de THS observé sur ces données reste à discuter. L’évolution de la sensibilité avec les changements de technologie devra être confirmée sur une plus large population.
Ce travail a consolidé les modalités d’échanges entre registres des cancers et structures de gestion pour permettre une évaluation complète du programme de dépistage français. Il serait nécessaire qu’une systématisation de ces collaborations et de la transmission des résultats vers la base de données nationale soit mise en place afin de renforcer le suivi épidémiologique du programme de dépistage français et optimiser les procédures.
Messages clefs/take home message
la recherche des cancers d'intervalle représente un aspect essentiel de l'évaluation du programme de dépistage des cancers du sein car elle permet d'étudier la sensibilité de ces programmes. les données françaises observées dans les départements avec registre des cancers montrent une sensibilité de 83 % qui augmente avec l'âge, diminue avec la densité mammaire et a une tendance, à confirmer, à l'amélioration avec les technologies numériques DR . Les cancers d'intervalle sont de stade plus avancés que les cancers dépistés.
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