Résumé A29OW
Le carcinome canalaire in situ est un cancer
Ductal carcinoma in situ is a cancer
Anne Vincent-Salomon
Pôle de Médecine Diagnostique & Théranostique, INSERM U934, Institut Curie, 26, rue d’Ulm, 75248 Paris Cedex 05, France
Pôle de Médecine Diagnostique & Théranostique, INSERM U934, Institut Curie, 26, rue d’Ulm, 75248 Paris Cedex 05, France
carcinome canalaire in situ, altérations moléculaires
ductal carcinoma in situ ; molecular alterations
Dans le dictionnaire Larousse, un cancer est défini comme « un ensemble de cellules indifférenciées qui, échappant au contrôle de l'organisme, se multiplient indéfiniment, envahissent les tissus voisins en les détruisant, et se répandent dans l'organisme en métastase ». Les carcinomes in situ sont-il donc des cancers ?
Les carcinomes in situ du sein de type canalaire (CCIS) représentent 15 à 20% des cancers du sein diagnostiqués par mammographie [1]. Les lésions de carcinome in situ correspondent à une prolifération de cellules carcinomateuses développée dans l’arbre galactophorique, respectant la couche de cellules myoépithéliales et la membrane basale. Il n’y a pas de contact entre les cellules carcinomateuses et les vaisseaux. Il n’y a donc pas de dispersion des cellules dans l’organisme ni développement de métastases.
Après traitement, la survie à long terme des patientes est excellente. Le risque principal après traitement est celui d'une récidive intra-mammaire survenant dans la moitié des cas sous forme d’un cancer infiltrant. Ce risque de récidive à 10 ans est de 13% après traitement conservateur associant mastectomie partielle et radiothérapie (50 Gy) et de 28% sans radiothérapie [2].
Sur le plan moléculaire (génomique et transcriptomiques), les carcinomes in situ de type canalaire présentent une très grande similitude avec les carcinomes infiltrants [3, 4]. En particulier, les grandes classes moléculaires (luminales A et B, ERBB2 et triple négatives) existent dès le stade in situ. Mais à ce jour, aucune signature transcriptomique spécifique et reproductible de la maladie in situ n’a été identifiée.
Des marqueurs tels que la prolifération et la surexpression d’ERBB2 ont été identifiés comme associés à un risque accru de récidive dans quelques analyses de séries rétrospectives [5]. Une signature transcriptomique a également été proposée pour prédire le risque de rechute [6].
L’hétérogénéité moléculaire intra-tumorale des carcinomes in situ et la nature de la réaction stromale autour des lésions carcinomateuses semblent également jouer un rôle dans la progression tumorale [7]. Enfin, des travaux récents ont permis une meilleure compréhension des processus moléculaires intra-cellulaires associés aux mécanismes d’invasion des cellules tumorales in situ [8].
Il convient donc de poursuivre les recherches pour comprendre quels sont les déterminants biologiques et cliniques de la rechute sous forme d’un carcinome infiltrant pour proposer des traitements ajustés au mieux à ce risque. Il serait ainsi possible de préciser quel type de carcinome in situ correspond bien à un cancer capable de mettre en jeu le pronostic vital des patientes.
1. Bleyer A, Welch HG: Effect of three decades of screening mammography on breast-cancer incidence. N Engl J Med 2012, 367(21):1998-2005.
2. Ward EM, DeSantis CE, Lin CC, Kramer JL, Jemal A, Kohler B, Brawley OW, Gansler T: Cancer statistics: Breast cancer in situ. CA Cancer J Clin 2015, 65(6):481-495.
3. Vincent-Salomon A, Lucchesi C, Gruel N, Raynal V, Pierron G, Goudefroye R, Reyal F, Radvanyi F, Salmon R, Thiery JP et al: Integrated genomic and transcriptomic analysis of ductal carcinoma in situ of the breast. Clin Cancer Res 2008, 14(7):1956-1965.
4. Allred DC, Wu Y, Mao S, Nagtegaal ID, Lee S, Perou CM, Mohsin SK, O'Connell P, Tsimelzon A, Medina D: Ductal carcinoma in situ and the emergence of diversity during breast cancer evolution. Clin Cancer Res 2008, 14(2):370-378.
5. Abba MC, Gong T, Lu Y, Lee J, Zhong Y, Lacunza E, Butti M, Takata Y, Gaddis S, Shen J et al: A Molecular Portrait of High-Grade Ductal Carcinoma In Situ. Cancer Res 2015, 75(18):3980-3990.
6. Solin LJ, Gray R, Baehner FL, Butler SM, Hughes LL, Yoshizawa C, Cherbavaz DB, Shak S, Page DL, Sledge GW, Jr. et al: A multigene expression assay to predict local recurrence risk for ductal carcinoma in situ of the breast. J Natl Cancer Inst 2013, 105(10):701-710.
7. Thompson ED, Taube JM, Asch-Kendrick RJ, Ogurtsova A, Xu H, Sharma R, Meeker A, Argani P, Emens LA, Cimino-Mathews A: PD-L1 expression and the immune microenvironment in primary invasive lobular carcinomas of the breast. Mod Pathol 2017.
8. Lodillinsky C, Infante E, Guichard A, Chaligne R, Fuhrmann L, Cyrta J, Irondelle M, Lagoutte E, Vacher S, Bonsang-Kitzis H et al: p63/MT1-MMP axis is required for in situ to invasive transition in basal-like breast cancer. Oncogene 2015, 35(3):344-357.
Les carcinomes in situ du sein de type canalaire (CCIS) représentent 15 à 20% des cancers du sein diagnostiqués par mammographie [1]. Les lésions de carcinome in situ correspondent à une prolifération de cellules carcinomateuses développée dans l’arbre galactophorique, respectant la couche de cellules myoépithéliales et la membrane basale. Il n’y a pas de contact entre les cellules carcinomateuses et les vaisseaux. Il n’y a donc pas de dispersion des cellules dans l’organisme ni développement de métastases.
Après traitement, la survie à long terme des patientes est excellente. Le risque principal après traitement est celui d'une récidive intra-mammaire survenant dans la moitié des cas sous forme d’un cancer infiltrant. Ce risque de récidive à 10 ans est de 13% après traitement conservateur associant mastectomie partielle et radiothérapie (50 Gy) et de 28% sans radiothérapie [2].
Sur le plan moléculaire (génomique et transcriptomiques), les carcinomes in situ de type canalaire présentent une très grande similitude avec les carcinomes infiltrants [3, 4]. En particulier, les grandes classes moléculaires (luminales A et B, ERBB2 et triple négatives) existent dès le stade in situ. Mais à ce jour, aucune signature transcriptomique spécifique et reproductible de la maladie in situ n’a été identifiée.
Des marqueurs tels que la prolifération et la surexpression d’ERBB2 ont été identifiés comme associés à un risque accru de récidive dans quelques analyses de séries rétrospectives [5]. Une signature transcriptomique a également été proposée pour prédire le risque de rechute [6].
L’hétérogénéité moléculaire intra-tumorale des carcinomes in situ et la nature de la réaction stromale autour des lésions carcinomateuses semblent également jouer un rôle dans la progression tumorale [7]. Enfin, des travaux récents ont permis une meilleure compréhension des processus moléculaires intra-cellulaires associés aux mécanismes d’invasion des cellules tumorales in situ [8].
Il convient donc de poursuivre les recherches pour comprendre quels sont les déterminants biologiques et cliniques de la rechute sous forme d’un carcinome infiltrant pour proposer des traitements ajustés au mieux à ce risque. Il serait ainsi possible de préciser quel type de carcinome in situ correspond bien à un cancer capable de mettre en jeu le pronostic vital des patientes.
1. Bleyer A, Welch HG: Effect of three decades of screening mammography on breast-cancer incidence. N Engl J Med 2012, 367(21):1998-2005.
2. Ward EM, DeSantis CE, Lin CC, Kramer JL, Jemal A, Kohler B, Brawley OW, Gansler T: Cancer statistics: Breast cancer in situ. CA Cancer J Clin 2015, 65(6):481-495.
3. Vincent-Salomon A, Lucchesi C, Gruel N, Raynal V, Pierron G, Goudefroye R, Reyal F, Radvanyi F, Salmon R, Thiery JP et al: Integrated genomic and transcriptomic analysis of ductal carcinoma in situ of the breast. Clin Cancer Res 2008, 14(7):1956-1965.
4. Allred DC, Wu Y, Mao S, Nagtegaal ID, Lee S, Perou CM, Mohsin SK, O'Connell P, Tsimelzon A, Medina D: Ductal carcinoma in situ and the emergence of diversity during breast cancer evolution. Clin Cancer Res 2008, 14(2):370-378.
5. Abba MC, Gong T, Lu Y, Lee J, Zhong Y, Lacunza E, Butti M, Takata Y, Gaddis S, Shen J et al: A Molecular Portrait of High-Grade Ductal Carcinoma In Situ. Cancer Res 2015, 75(18):3980-3990.
6. Solin LJ, Gray R, Baehner FL, Butler SM, Hughes LL, Yoshizawa C, Cherbavaz DB, Shak S, Page DL, Sledge GW, Jr. et al: A multigene expression assay to predict local recurrence risk for ductal carcinoma in situ of the breast. J Natl Cancer Inst 2013, 105(10):701-710.
7. Thompson ED, Taube JM, Asch-Kendrick RJ, Ogurtsova A, Xu H, Sharma R, Meeker A, Argani P, Emens LA, Cimino-Mathews A: PD-L1 expression and the immune microenvironment in primary invasive lobular carcinomas of the breast. Mod Pathol 2017.
8. Lodillinsky C, Infante E, Guichard A, Chaligne R, Fuhrmann L, Cyrta J, Irondelle M, Lagoutte E, Vacher S, Bonsang-Kitzis H et al: p63/MT1-MMP axis is required for in situ to invasive transition in basal-like breast cancer. Oncogene 2015, 35(3):344-357.
Messages clefs/take home message
- Altérations moléculaires identiques entre carcinome canalaire in situ et carcinome infiltrant.
- Altération moléculaire ne signifie pas « cancer ».
- pas de menace directe du pronostic vital par les lésions de carcinome canalaire in situ.
- Taux de rechute après traitement conservateur de 13% et sous forme infiltrante dans un cas sur deux.
- Signatures prédictives de rechute en cours d’évaluation.
- Importance du stroma dans la progression tumorale
- Recherches nécessaires pour comprendre la progression tumorale.
Take home message en anglais
Recherche
Saissisez le ou les termes de votre recherche
RCP
Films
Les Mercredis de la SFSPM