Résumé G19JR
Impact de la précarité sur la prise en charge du cancer du sein en Seine Saint Denis
Impact of precarious situation in the management of breast cancer in Seine Saint Denis
L Gaujal (1), H Didelot (1), J Dumesnil (1), L Payen (2), C Ngo (3), S Bounan (1), G Hatem(1), S Alran (4)
(1) service de gynécologie obstétrique, Hôpital Delafontaine, 2 rue du Dr Delafontaine, 93200 Saint Denis, France
(2)service de radiologie, Hôpital Delafontaine, 2 rue du Dr Delafontaine, 93200 Saint Denis, France
(3) service de chirurgie Gynécologique, Hôpital Européen Georges Pompidou, 20 rue Leblanc, 75015 Paris, France
(4) Service de chirurgie gynécologique et sénologique, Institut Curie, 26 rue D'Ulm, 75005 Paris, France
(1) service de gynécologie obstétrique, Hôpital Delafontaine, 2 rue du Dr Delafontaine, 93200 Saint Denis, France
(2)service de radiologie, Hôpital Delafontaine, 2 rue du Dr Delafontaine, 93200 Saint Denis, France
(3) service de chirurgie Gynécologique, Hôpital Européen Georges Pompidou, 20 rue Leblanc, 75015 Paris, France
(4) Service de chirurgie gynécologique et sénologique, Institut Curie, 26 rue D'Ulm, 75005 Paris, France
Cancer du sein, mastectomie, curage axillaire, précarité
Breast cancer, mastectomy, lymph node dissection, precarious situation
Chirurgie
Oncologie
Contexte :
En 2013, le taux de pauvreté en Seine-Saint-Denis (SSD) est plus élevé qu’en France, 27% vs 14% (1). Cette affection est responsable du décès de 191 femmes en moyenne chaque année et représente 17,7% des décès par cancer chez les femmes du département. (2)
Objectif :
Evaluer l’impact de la précarité sur les patientes traitées pour un cancer à l’hôpital De La Fontaine de Saint Denis (93) en partenariat avec l’Institut Curie.
Méthodes :
Etude rétrospective, portant sur 23 patientes consécutives prises en charge entre janvier et mai 2016. Recueil des caractéristiques sociodémographiques de notre population, histopathologiques des tumeurs et des traitements mis en œuvre.
Résultats :
L’âge moyen était de 57 ans, le BMI moyen était de 30, 6 patientes avaient une activité professionnelle en cours, toutes maîtrisaient la langue française et 19 patientes habitaient le département. Le point d’appel pour le diagnostic était la palpation d’une masse mammaire pour 15 patientes (65,2%), la mammographie pour 6 patientes (26,2%),la prise en charge d’un abcès mammaire pour une patiente (4,3%) et la découverte fortuite d’une image suspecte sur un TDM pour une autre raison pour une patiente (4,3%). Le stade initial était : 7 T4 (30,4%), dont 3 T4D; 3 T3 (13%), 6 T2 (26%), 5 T1 (21,7%), 2 T0 (8,7%). 12 patientes avaient une atteinte ganglionnaire axillaire (52,2%). 3 patientes étaient métastatiques d’emblée (13%). Le type histologique était représenté par des carcinomes infiltrants canalaires (18) et lobulaires (3) et 2 CCIS. Concernant la biologie tumorale : il y avait 4 cancers triple négatifs, 6 HER2 positives et 11 luminaux. Comme traitement chirurgical, 12 patientes ont eu une mastectomie totale (52%) et 12 patientes ont eu un curage axillaire (52%). La durée moyenne de séjour péri-opératoire était de 4 nuits. Il n’y a pas eu de chirurgie en ambulatoire, ni d’entrée le jour même de l’intervention. 11 patientes ont eu une chimiothérapie, 6 une radiothérapie et 9 patientes une hormonothérapie.
Discussion :
Les données de santé publique montrent que la mortalité par cancer du sein n’est pas plus importante en SSD (25 décès pour 100 000 femmes par an) par rapport au reste de la région (31 décès) ou même à l’échelle nationale (36 décès). Dans notre étude, la majorité des patientes sont diagnostiquées au stade T4, alors qu’en France 70% des patientes ont un diagnostic au stade T1. La moitié des patientes ont une mastectomie alors que la moyenne nationale est de 30% (3). Plusieurs raisons en rapport avec la précarité peuvent expliquer ce retard dans la prise en charge : une participation au dépistage organisé en SSD plus faible qu’en France, 40 versus 51%, et les femmes ne font pas de démarche individuelle de dépistage en SSD, alors qu’en France cela représente un taux additionnel de 10 à 15% (2,4) ; les barrières linguistiques et culturelles qui freinent l’accès aux systèmes de soins et de dépistage, avec un faible taux de consultation en l’absence de symptôme ;des représentations culturelles de la maladie dans les populations africaines, à explorer en lien avec des ethnologues et anthropologues.
Conclusion :
Dans notre territoire de soin, les cancers du sein sont traités à un stade plus avancé, nécessitant des traitements plus invasifs en particulier en chirurgie. Ces résultats préliminaires seront évalués dans une étude multicentrique prospective DESSEIN conduites en Ile de France en comparant les populations précaires et non précaires.
Références
1 Insee première, n°1566, « les niveaux de vie en 2013 », paru en septembre 2015
2 Rapport de l’Observatoire Régional de Santé d’ile de France 2011
3 Héquet D., Dolbeault S, Alran S (2011) « Facteurs décisifs de non-reconstruction chez 1 937 femmes après mastectomie totale ; information et choix des patientes », Springer-Verlag France
4 INCa -Données sur le dépistage organisé du cancer du sein- 2014
En 2013, le taux de pauvreté en Seine-Saint-Denis (SSD) est plus élevé qu’en France, 27% vs 14% (1). Cette affection est responsable du décès de 191 femmes en moyenne chaque année et représente 17,7% des décès par cancer chez les femmes du département. (2)
Objectif :
Evaluer l’impact de la précarité sur les patientes traitées pour un cancer à l’hôpital De La Fontaine de Saint Denis (93) en partenariat avec l’Institut Curie.
Méthodes :
Etude rétrospective, portant sur 23 patientes consécutives prises en charge entre janvier et mai 2016. Recueil des caractéristiques sociodémographiques de notre population, histopathologiques des tumeurs et des traitements mis en œuvre.
Résultats :
L’âge moyen était de 57 ans, le BMI moyen était de 30, 6 patientes avaient une activité professionnelle en cours, toutes maîtrisaient la langue française et 19 patientes habitaient le département. Le point d’appel pour le diagnostic était la palpation d’une masse mammaire pour 15 patientes (65,2%), la mammographie pour 6 patientes (26,2%),la prise en charge d’un abcès mammaire pour une patiente (4,3%) et la découverte fortuite d’une image suspecte sur un TDM pour une autre raison pour une patiente (4,3%). Le stade initial était : 7 T4 (30,4%), dont 3 T4D; 3 T3 (13%), 6 T2 (26%), 5 T1 (21,7%), 2 T0 (8,7%). 12 patientes avaient une atteinte ganglionnaire axillaire (52,2%). 3 patientes étaient métastatiques d’emblée (13%). Le type histologique était représenté par des carcinomes infiltrants canalaires (18) et lobulaires (3) et 2 CCIS. Concernant la biologie tumorale : il y avait 4 cancers triple négatifs, 6 HER2 positives et 11 luminaux. Comme traitement chirurgical, 12 patientes ont eu une mastectomie totale (52%) et 12 patientes ont eu un curage axillaire (52%). La durée moyenne de séjour péri-opératoire était de 4 nuits. Il n’y a pas eu de chirurgie en ambulatoire, ni d’entrée le jour même de l’intervention. 11 patientes ont eu une chimiothérapie, 6 une radiothérapie et 9 patientes une hormonothérapie.
Discussion :
Les données de santé publique montrent que la mortalité par cancer du sein n’est pas plus importante en SSD (25 décès pour 100 000 femmes par an) par rapport au reste de la région (31 décès) ou même à l’échelle nationale (36 décès). Dans notre étude, la majorité des patientes sont diagnostiquées au stade T4, alors qu’en France 70% des patientes ont un diagnostic au stade T1. La moitié des patientes ont une mastectomie alors que la moyenne nationale est de 30% (3). Plusieurs raisons en rapport avec la précarité peuvent expliquer ce retard dans la prise en charge : une participation au dépistage organisé en SSD plus faible qu’en France, 40 versus 51%, et les femmes ne font pas de démarche individuelle de dépistage en SSD, alors qu’en France cela représente un taux additionnel de 10 à 15% (2,4) ; les barrières linguistiques et culturelles qui freinent l’accès aux systèmes de soins et de dépistage, avec un faible taux de consultation en l’absence de symptôme ;des représentations culturelles de la maladie dans les populations africaines, à explorer en lien avec des ethnologues et anthropologues.
Conclusion :
Dans notre territoire de soin, les cancers du sein sont traités à un stade plus avancé, nécessitant des traitements plus invasifs en particulier en chirurgie. Ces résultats préliminaires seront évalués dans une étude multicentrique prospective DESSEIN conduites en Ile de France en comparant les populations précaires et non précaires.
Références
1 Insee première, n°1566, « les niveaux de vie en 2013 », paru en septembre 2015
2 Rapport de l’Observatoire Régional de Santé d’ile de France 2011
3 Héquet D., Dolbeault S, Alran S (2011) « Facteurs décisifs de non-reconstruction chez 1 937 femmes après mastectomie totale ; information et choix des patientes », Springer-Verlag France
4 INCa -Données sur le dépistage organisé du cancer du sein- 2014
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