Activité Physique, Cancer et Fonctions Cognitives

Physical Activity, Cancer and Cognitive functions

C Richou (1), G Boucard (1), F Boiffard (2)
(1) Faculté des Sciences du Sport de Poitiers, 8 Allée Jean Monnet, 86000 Poitiers.
(2) Oncologie Chirurgicale, ICO – Centre René Gauducheau, 44805 Nantes – Saint Herblain Cedex

Cancer/Activité Physique/Inhibition

Cancer/Physical Activity/Inhibition

INTRODUCTION :
Les aptitudes cognitives les plus impactées lors d’une pathologie cancéreuse sont : les fonctions exécutives, la vitesse de traitement de l’information, et la mémoire épisodique et de travail (1). Ils sont alors nommés : Cancer Related Cognitive Impairment (CRCI). Les bénéfices de l’Activité Physique (AP) sur l’altération de la cognition lors d’un cancer sont peu étudiés. De plus, la majorité des études n’utilisent que des mesures subjectives de la cognition. Dans une étude rapportant une mesure objective, on démontre les bénéfices d’un plus haut niveau d’AP aérobie concernant l’attention et les fonctions exécutives (2).

OBJECTIF :
Il s’agit d’examiner les relations entre l’AP et les fonctions cognitives auprès de patients en cours d’une chimiothérapie lors d’un cancer, et de déterminer quel domaine d’AP est le meilleur prédicteur des performances cognitives.

METHODE :
Quarante-deux patients ont participé à cette étude. L’AP a été mesurée grâce au Global Physical Activity Questionnaire, déterminant 3 domaines d’AP : l’AP de travail, de déplacement, de loisirs, constituant l’AP hebdomadaire ainsi que la mesure de la sédentarité. Les capacités cognitives globales sont évaluées par le Montreal Cognitive Assessment et la vitesse de traitement de l’information par une tâche de comparaison de lettres. Les 3 fonctions exécutives, i.e. mise à jour de mémoire de travail, inhibition comportementale et flexibilité cognitive sont respectivement évaluées par la tâche de 2-back, de Stroop et le Trail Making Test. Différentes covariables pouvant être liées aux fonctions cognitives sont également étudiées.

RESULTATS :
Seule la fonction d’inhibition est significativement et positivement corrélée à l’AP hebdomadaire, l’AP de travail et l’AP de loisirs, et négativement corrélée à la sédentarité. Les analyses de régression multiples montrent que l’AP de loisirs est le seul facteur observé comme lié aux capacités d’inhibition, dominant les effets des autres facteurs (AP de travail, sédentarité, âge et niveau d’éducation).

DISCUSSION :
Nous observons de meilleurs scores aux tests évaluant les fonctions cognitives chez les patients ayant un haut niveau d’AP, mais seulement sur la capacité d’inhibition. On peut donc supposer qu’un meilleur niveau d’AP de loisirs, entraîne un meilleur contrôle inhibiteur, en lien avec une oxygénation frontale plus importante (3). Une étude interventionnelle sera menée par la suite pour vérifier le lien de cause à effet.

CONCLUSION :
L’AP de loisirs est le domaine qui exerce la plus grande influence sur cette fonction : il est donc important de proposer une pratique sportive encadrée et adaptée à cette population pour mieux prévenir les CRCI.

RÉFÉRENCES :
(1) Noal, S., Daireaux, A., & Joly, F. (2010). Fonctions cognitives après cancer : quelles réalités ? – Cognitive disorders after cancer: what reality?, 7.
(2) Hartman, S. J., Marinac, C. R., Natarajan, L., & Patterson, R. E. (2015). Lifestyle factors associated with cognitive functioning in breast cancer survivors: Breast cancer survivors’ cognition and lifestyle factors. Psycho-Oncology, 24(6), 669 675.
(3) Giles, G. E., Cantelon, J. A., Eddy, M. D., Brunyé, T. T., Urry, H. L., Mahoney, C. R., & Kanarek, R. B. (2017). Habitual exercise is associated with cognitive control and cognitive reappraisal success. Experimental Brain Research, 235(12), 3785 3797.