Résumé L8BCO
Innovation et politique de santé.
impact of disruptive innovations on health politics
Laurent Degos. Professeur Emérite Université Paris Diderot
Innovation de rupture, integration, resultats, valeurs
disruptive innovations, outcomes, integration, value
L’innovation est principalement incrémentale. Pour prendre un exemple, la leucémie de l’enfant est aujourd’hui guérie dans la très grande majorité des cas par des petits pas d’amélioration et d’ajustement effectués au cours du temps. Le cancer du sein a bénéficié des résultats des essais contrôlés successifs.
Parfois une rupture modifie complètement le système. Nous avons connu des moments de rupture en santé depuis le vaccin contre la variole de Jenner, jusqu’à l’arrivée pendant la dernière guerre de la streptomycine qui a été le premier médicament antituberculeux efficace, laissant vides les sanatoriums.
Aujourd’hui, les innovations de rupture surviennent de toutes parts et les perspectives dans un futur proche donnent le vertige. On passe d’une époque darwinienne, d’adaptation progressive, à une époque révolutionnaire, modifiant tout au même moment.
En plus de ces innovations de rupture technologique, le système est irrigué – inondé – par le numérique. Il révolutionne notre concept même de la médecine.
Contrairement à l’évolution tranquille habituelle, l’évolution est très rapide, les financements ne sont plus adaptés, l’innovation technologique déstructure l’organisation des soins et le numérique place le demandeur en position de force. Les offreurs de soins sont perdus et défendent leurs positions avec des armes désuètes.
Le temps des réformes est passé. Une véritable révolution nous attend. Le mouvement risque d’être chaotique, mené par la demande du citoyen, les réseaux sociaux, réclamant, évaluant, contrôlant, détruisant, dévalorisant l’existant.
Le citoyen-patient a changé, il joue dorénavant un rôle actif dans le système de soins et dans la recherche. L’éducation de la population en matière de santé est l’élément principal pour progresser tous ensemble. Le citoyen, maître de la sousveillance par les réseaux sociaux, mènera la révolution. Plus il est éclairé, plus la construction dominera la destruction.
Les réformes sont confrontées aux exigences du temps. Le temps de la diffusion d’une innovation n’est pas le temps du changement d’organisation. L’obsolescence est difficile à gérer d’autant que le système est figé par la T2A. Le temps de la vision, des objectifs débattus et expérimentés n’est pas le temps politique rythmé par le quinquennat. La dissociation entre le politique et la politique est également un sujet central. Face à cette situation, de nombreux économistes sont tentés par l’alternative d’un l’État qui jouerait son rôle d’arbitre et prendrait tout en main. Une main unique qui décide toutes les dépenses et toutes les offres simplifierait la gestion. La tendance à la fonctionnarisation de la santé nous guette, suivant le modèle du Royaume-Uni. Argument suprême : la Grande- Bretagne dépense 3 points de PIB en moins que nous pour la santé... Mais aspirons-nous à un régime similaire ? Les résultats de l’espérance de vie ou de mortalité évitable dans ce pays ne nous y incitent pas. La liberté de choix et l’égalité des chances en prendraient un coup !
Alors sortons de notre torpeur, lançons-nous dans l’aventure, tous ensemble, et cherchons d’abord le sens d’une politique de santé (1).
1- L. Degos. 2016. Quelle politique de santé pour demain ? Le Pommier. 160 pages
Parfois une rupture modifie complètement le système. Nous avons connu des moments de rupture en santé depuis le vaccin contre la variole de Jenner, jusqu’à l’arrivée pendant la dernière guerre de la streptomycine qui a été le premier médicament antituberculeux efficace, laissant vides les sanatoriums.
Aujourd’hui, les innovations de rupture surviennent de toutes parts et les perspectives dans un futur proche donnent le vertige. On passe d’une époque darwinienne, d’adaptation progressive, à une époque révolutionnaire, modifiant tout au même moment.
En plus de ces innovations de rupture technologique, le système est irrigué – inondé – par le numérique. Il révolutionne notre concept même de la médecine.
Contrairement à l’évolution tranquille habituelle, l’évolution est très rapide, les financements ne sont plus adaptés, l’innovation technologique déstructure l’organisation des soins et le numérique place le demandeur en position de force. Les offreurs de soins sont perdus et défendent leurs positions avec des armes désuètes.
Le temps des réformes est passé. Une véritable révolution nous attend. Le mouvement risque d’être chaotique, mené par la demande du citoyen, les réseaux sociaux, réclamant, évaluant, contrôlant, détruisant, dévalorisant l’existant.
Le citoyen-patient a changé, il joue dorénavant un rôle actif dans le système de soins et dans la recherche. L’éducation de la population en matière de santé est l’élément principal pour progresser tous ensemble. Le citoyen, maître de la sousveillance par les réseaux sociaux, mènera la révolution. Plus il est éclairé, plus la construction dominera la destruction.
Les réformes sont confrontées aux exigences du temps. Le temps de la diffusion d’une innovation n’est pas le temps du changement d’organisation. L’obsolescence est difficile à gérer d’autant que le système est figé par la T2A. Le temps de la vision, des objectifs débattus et expérimentés n’est pas le temps politique rythmé par le quinquennat. La dissociation entre le politique et la politique est également un sujet central. Face à cette situation, de nombreux économistes sont tentés par l’alternative d’un l’État qui jouerait son rôle d’arbitre et prendrait tout en main. Une main unique qui décide toutes les dépenses et toutes les offres simplifierait la gestion. La tendance à la fonctionnarisation de la santé nous guette, suivant le modèle du Royaume-Uni. Argument suprême : la Grande- Bretagne dépense 3 points de PIB en moins que nous pour la santé... Mais aspirons-nous à un régime similaire ? Les résultats de l’espérance de vie ou de mortalité évitable dans ce pays ne nous y incitent pas. La liberté de choix et l’égalité des chances en prendraient un coup !
Alors sortons de notre torpeur, lançons-nous dans l’aventure, tous ensemble, et cherchons d’abord le sens d’une politique de santé (1).
1- L. Degos. 2016. Quelle politique de santé pour demain ? Le Pommier. 160 pages
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l'innovation de rupture tout azimuth amène a repenser le sens et les valeurs d'une politique de santé: passer de la fragmentation a l'intégration, des procédures aux résultats, de l'offre a la demande.
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