Résumé O2AI8
Parcours de soins du cancer du sein précoce : coûts directs
Breast cancer clinical pathways : direct costs
Héquet D (1), Huchon C (2), Soilly AL (3), Asselain B (4), Berseneff H(5), Trichot C(6), Combes A (7), Alves K (8), Nguyen T (9), Rouzier R (1), Baffert S (10)

(1) Department of Surgical Oncology, Institut Curie-René Huguenin, 35 rue Dailly, 92210, St Cloud, France.
(2) Department of Gynecology, Poissy-St Germain hospital, 10 Rue du Champ Gaillard, 78300, Poissy, France.
(3) Health Economics Department, Bourgogne Franche-Comté University, Dijon, France
(4) Department of Biostatistics, Institut Curie, 26 rue d'Ulm, 75005, Paris, France.
(5) Department of Gynecology, René Dubos Hospital, 6, avenue de L'Ile de France, 95303, Pontoise, France.
(6) Department of Gynecology, Antoine Béclère Hospital, 157 rue de la Porte de Trivaux, 92140, Clamart, France. (7) Department of Gynecology, André Mignot Hospital, 50 rue Berthier, 78000, Versailles, France.
(8) Department of Gynecology, Argenteuil Hospital, 69 Rue Lt Colonel Prudhon, 95100, Argenteuil, France.
(9) Department of Gynecology, Louis Mourier Hospital, 178 rue des Renouillers, 92700, Colombes, France.
cancer sein, couts directs, reste-à-charge
breast cancer, direct costs, out-of-pocket expenditures
Epidémiologie Anatomie et cytologie pathologiques
Contexte :
Les coûts du cancer du sein sont souvent sous-estimés, car réduits à une partie du parcours ou à l’impact d’une nouvelle drogue ou technologie.

Objectifs :
Décrire les coûts directs (médicaux et non médicaux) d’un cancer du sein précoce durant l’année suivant le diagnostic et les déterminants de coûts.

Méthodes :
Étude de type coût de la maladie, à partir des données de l’essai prospectif multicentrique OPTISOINS01. Les coûts directs comprenant les coûts médicaux (examens, consultations, hospitalisations, en ville et à l’hôpital) et les coûts non médicaux (transports, indemnités journalières) ont été calculés à partir des données enregistrées prospectivement du diagnostic à 1 an de suivi, avec 2 perspectives : assurance maladie et patient (reste-à-charge).

Résultats :
8 centres (hospitaliers, universitaires et de lutte contre le cancer) ont inclus 604 patientes. Les coûts médicaux directs médians (perspective assurance maladie) sur 1 an s’élevaient à 12 250€/patiente (3 643€-55 340€), dont 3 732€ pour la chirurgie et 7 439€ pour les traitements adjuvants. Trois facteurs étaient associés à des coûts plus élevés en analyse multivariée : nature invasive du carcinome, envahissement ganglionnaire et une hospitalisation en chirurgie conventionnelle (versus ambulatoire) et un facteur était associé à des coûts moins élevés : mode de diagnostic par dépistage organisé. Les coûts directs non médicaux (perspective assurance maladie) comprenaient les indemnités journalières (IJ) et les coûts de transport. Les IJ ont été calculées pour les 156 patientes actives en arrêt de travail au cours de l’année et s’élevaient à 8841€/patiente (173€-32 015€). La chimiothérapie adjuvante était le seul facteur associé à une majoration des IJ (10 706€ si chimiothérapie versus 3 687€ sans chimiothérapie). Les coûts de transports étaient déclarés par 159 patientes et étaient de 902€/patiente/an (15 - 10 024€). Les reste-a-charge étaient déclarés par 40% des patientes (n=242) et étaient de 614€/patiente/an.

Discussion :
Le coût annuel du cancer du sein en Europe a été évalué à 15 milliards d’euros. En France 2 études récentes ont évalué les coûts directs médicaux entre 9 600€ (1) et 14 555€ (2). Les coûts directs médicaux dépendent essentiellement du stade initial qui conditionne les traitements. Ainsi la chimiothérapie adjuvante est un driver essentiel des coûts directs médicaux dans différents cancers (3) mais également des coûts non médicaux. En effet, les patientes sous chimiothérapie étaient largement plus en arrêt de travail, entraînant des indemnités journalières plus élevées. Ces coûts représentent jusqu’à 50% des coûts directs médicaux des patientes actives. Les reste-à-charge (RAC), rarement décrits dans les études, impactent peu les ménages, puisqu’une faible part des patientes déclarent des RAC, dont les montants annuels sont d’environ 600€/an soit moins de 50€/mois. Cela est évidemment dû à notre système d’assurance maladie. L’impact peut être majeur dans des pays où la prise en charge est partielle ou en cas de revenus faibles, comme en Haïti où une étude récente a mis en évidence des RAC de 233$/an pour des revenus quotidiens de 2$ (4).

Conclusion :
La description de l’ensemble des coûts directs de la 1ère année de prise en charge d’un cancer du sein précoce peut constituer un outil utile d’évaluation économique et servir de référence à d’autres équipes. La compréhension des déterminants de coûts peut être une aide à la décision en termes de politiques de santé.

Bibliographie :

1. Luengo-Fernandez R, Leal J, Gray A, Sullivan R. Economic burden of cancer across the European Union: a population-based cost analysis. Lancet Oncol. 2013 Nov;14(12):1165-74.
2. Jay N., Nuemi G., Gadreau M., Quantin C. A data mining approach for grouping and analyzing trajectories of care using claim data : the example of breast cancer. BMC Medical Informatics and decision making. 2013 Nov 30;13:130
3. Gruber EV, Stock S, Stollenwerk B. Breast cancer attributable costs in Germany: a top-down approach based on sickness funds data. PLoS One. 2012;7(12):e51312.
4. O'Neill KM, Mandigo M, Pyda J, Nazaire Y, Greenberg SL, Gillies R, Damuse R. Out-of-pocket expenses incurred by patients obtaining free breast cancer care in Haiti. Lancet. 2015 Apr 27;385 Suppl 2:S48
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