CANCER DU SEIN EN FRANCE DANS LES ANNEES 1980-1990

BREAST CANCER SCREENING IN FRANCE 1980-1990

B Séradour

CANCER DU SEIN - DEPISTAGE - FRANCE

BREAST CANCER - SCREENING - FRANCE

CONTEXTE ET OBJECTIFS
Entre 1980 et 2000 le nombre de nouveaux cas de cancers du sein a pratiquement doublé, passant de 21 000 cas à 42 000. (1)
La mortalité est restée relativement stable, passant de 8 600 à 11 600 décès. En1980 la survie à 5 ans était de 80% et de 50% à 10 ans. Suite aux résultats des essais randomisés internationaux, 6 expériences pilotes départementales ont été lancées en France par le Fonds National de Prévention entre 1987 et 1990. Le test choisi était un seul cliché oblique externe de mammographie par sein tous les 3 ans entre 50 et 69 ans. Le système de dépistage étant décentralisé, il a été fait appel à l’existant. En effet, on dénombrait en 1988, 1 200 000 mammographies de dépistage dont 700 000 avant 50 ans, réalisées sur 1 700 appareils de mammographie par 3 200 radiologues. En 1994, le programme est devenu national, piloté par la DGS assistée d'un Comité National de Pilotage. En 2000, il existait 32 programmes mais le taux de participation n’était que de 43%. Un nouveau cahier des charges a été publié en 2002, le protocole est devenu plus adapté au système de santé. On est passé à 2 clichés/sein + examen clinique tous les 2 ans de 50 à 74 ans. Les centres de radiologie ont été accrédités. Le contrôle de qualité est devenu obligatoire en 2003 pour tous les mammographes. La 2ème lecture des clichés non suspects est restée centralisée. Le taux de participation a augmenté malgré la persistance du dépistage individuel. L’évaluation est réalisé par l’INVS depuis 1998. Le programme a réalisé plus de 2 000 000 de mammographies/an.

METHODES -RESULTATS
Quel était le pronostic des cancers du sein dans les années 80 ?
Les données disponible proviennent des registres, des premiers programmes pilotes et des recueils d’anatomopathologie départementaux. (2, 3, 4)
Selon les registres on retrouve en 1990 pour les cancers du sein 38% de T1N0 et 38% de N+ entre 50 et 69 ans. Dans les 5 premiers programmes de D.O., en 1ère vague on retrouve 30% de T1ab et 30% de N+ parmi les cancers invasifs. La V.P.P de la biopsie chirurgicale est de 48%. Selon le recueil histologique des BdR, hors programme de dépistage, il existe 22% de cancers impalpables contre 36% dans le programme. 37% des cancers palpables sont N+ contre 14,5% des cancers impalpables. L’évolution des caractéristiques des cancers du sein a été comparée enfin par 2 observatoires en France en 2001-2002 et 2007-2008 après la généralisation du D.O. le pourcentage de cancers infracliniques est passé de 8,6% en 2001 à 24,4% en 2007 (ce chiffre atteint 46% pour les 50-69 ans). La qualité des mammographies a permis une meilleure détection, le nombre des biopsies bénignes chirurgicales a diminué progressivement grâce aux prélèvements préopératoires. Les traitements ont progressé dans le même temps rendant dépistage et traitement complémentaires.

CONCLUSION
Cette action de Santé Publique exemplaire a bénéficié d’une gouvernance claire (Etat, Assurance Maladie, Professionnels) 17 ans avant la généralisation.

BIBLIOGRAPHIE
1. Trétarre B, Guizard A. V, Fontaine D, et al. (2004) Cancer du sein chez la femme : incidence et mortalité, France 2000. BEH:44 ;209-210

2. Cutuli B, Cottu P. H, Gligorov J al. (2015) Impact of screening on clinicopathological features and treatment for invasive breast cancer: Results of two national surveys. Impact du dépistage sur les caractéristiques histopathologiques et les traitements du cancer du sein invasif : résultats de deux observatoires nationaux. Cancer/Radiothérapie 19:295-302.

3. Jacquemier J, Aubert H, Charpin C et al. (1992) Carcinomes infracliniques du sein dans le département des Bouches du Rhône. Editon Vigot;175-184

4. Séradour B, Allemand H, Schaffer P. (1997) French screening program of breast cancer. Results from 5 districts (1989-1994). Bull Cancer.84(8):822-8.