Résumé TJ8E0
Facteurs comportementaux, radiologiques et histo-pronostiques des cancers du sein de plus de 20 mm détectés dans le programme français
Behavioral, radiological and histoprognostic factors of breast cancers greater than 20 mm detected in the French program
CP Gautier(1), R Rymzhanova (2), C Tournoux-Facon (3)
(1) Association pour le Dépistage des CAncers en Vaucluse (A.D.CA 84), 106 avenue de Tarascon – Saint Ruf 2 BP 21081 – 84097 Avignon Cedex 9, France
(2) Association pour le Dépistage des CAncers en Franche-Comté (ADECA-FC), 3 rue Paul Bert, 25000 Besançon, France
(3) Structure de gestion des Dépistages Organisés des Cancers dans la VIEnne (DOCVIE 86), 79 rue de Saint Eloi, 86000 Poitiers, France
(1) Association pour le Dépistage des CAncers en Vaucluse (A.D.CA 84), 106 avenue de Tarascon – Saint Ruf 2 BP 21081 – 84097 Avignon Cedex 9, France
(2) Association pour le Dépistage des CAncers en Franche-Comté (ADECA-FC), 3 rue Paul Bert, 25000 Besançon, France
(3) Structure de gestion des Dépistages Organisés des Cancers dans la VIEnne (DOCVIE 86), 79 rue de Saint Eloi, 86000 Poitiers, France
Caractéristiques épidémiologiques, Cancers du sein invasifs, Dépistage
Epidemiological characteristics, Invasive breast cancer, Screening
Contexte
Près de 20% des cancers du sein invasifs diagnostiqués dans le programme de dépistage organisé (DO) mesurent plus de 20 mm [1]. Cette proportion semble assez stable sur la dernière décennie [2].
Objectif
Le but de ce travail était d’identifier les caractéristiques particulières chez les femmes présentant un cancer invasif de plus 20 mm détecté par le DO français.
Méthode
Cette étude rétrospective a été réalisée sur les cancers invasifs détectés entre janvier 2010 et décembre 2012 dans le cadre du DO. Trois groupes de variables ont été étudiés à l’aide de modèles de régression logistique multiple : histoire personnelle et comportement vis-à-vis du DO du cancer du sein, caractéristiques de l’examen de dépistage précédant la mammographie conduisant au diagnostic, caractéristiques histo-pronostiques de la tumeur. Les résultats sont présentés sous forme d’odds-ratio (OR) [intervalle de confiance à 95%]. Le recueil s’est fait par questionnaire adressé aux médecins coordinateurs du groupe ACORDE et à l’aide d’un format unique d’extraction des données.
Résultats
Au 21 août 2014, 72 départements ont participé, soit 34126 cancers invasifs dont 6706 de plus de 20 mm (21.6%).
Les femmes présentant un cancer de taille égale ou supérieure à 20 mm ont d’abord une faible participation au DO. On observe ainsi pour les femmes n’ayant participé qu’une ou deux fois au DO, nouvelles entrantes incluses, un OR de 1.48 [1.38-1.59] et que le risque d’avoir un cancer de plus de 20 mm augmente avec le délai entre deux examens : l’OR est de 1.61 [1.47-1.76] entre 3 et 5 ans, et de 2.19 [1.95-2.46] au-delà de 5 ans. On constate également qu’en l’absence de mammographie antérieure, le risque est de 2.43 [2.20-2.69]. Enfin, l’existence d’une mammographie antérieure réalisée à titre individuel (1.43 [1.32-1.55]) a également un impact, probablement lié au délai plus important entre les deux examens (médiane de 942 jours en cas de mammographie précédente réalisée à titre individuel, versus 779 jours en cas de mammographie précédente réalisée dans le cadre du dépistage organisé, p<0.0001).
D’autres facteurs ont été aussi retrouvés : Une densité mammaire élevée (BI RADS 3-4) (1.24 [1.14-1.34]), un examen clinique précédent anormal (1.67 [1.19-2.34]), une échographie réalisée lors de la mammographie précédente pour seins denses ou dans le cadre d’un bilan (1.21 [1.12-1.31]) et une mammographie positive lors du DO précédent sans bilan (diagnostic en attente, surveillance, refus…) ou sans suivi connu par la structure de gestion (1.26 [1.00-1.58]. Concernant le type de mammographe, 55% des mammographies précédentes ont été réalisées sur des appareils analogiques, 34% sur des appareils numériques à plaques et 11% sur des appareils numériques plein champ. L’impact d’une mammographie antérieure réalisée en analogique (1.42 [1.26-1.59]) doit être analysé avec prudence, compte tenu des changements technologiques observés durant la période d’étude.
A noter que le cancer de plus de 20 mm est plus fréquemment bilatéral (p=0.0015), multifocal (p<0.001), de grade SBR élevé (p<0.001), avec envahissement ganglionnaire (p<0.001) et triple négatif (p=0.0009). Il s’agit donc de tumeurs plus souvent agressives.
Discussion
La participation active des structures de gestion est un point fort essentiel de l’étude et a permis un recueil quasi exhaustif des données du DO entre 2010 et 2012.
Cette large étude montre l’importance du respect du délai de 2 ans entre 2 examens et de la fidélisation au DO, constatations comparables à celles relevées dans l’analyse du programme des Pays-Bas [2]. Le dépistage individuel ne permet pas de s’assurer d’un suivi régulier. L’absence de deuxième lecture peut aussi avoir augmenté le risque de faux-négatif lors de l’examen précédent. Par ailleurs notre étude confirme l’intérêt de considérer les examens précédents tant sur le plan clinique que radiologique pour mieux expliquer le stade de découverte du cancer [3]. S’il est possible d’envisager des actions sur les facteurs comportementaux identifiés, d’autres sont inhérents à la femme (la densité mammaire, par exemple) ou à la tumeur. Pour ces critères-ci, les moyens d’action sont limités en dehors d’innovations technologiques.
Conclusion
Après 10 ans de mise en œuvre du DO, des messages simples doivent être rappelés : la participation et la fidélisation sont 2 éléments clés pour tenter de réduire l’incidence des cancers de plus de 20 mm, de même que la qualité de la lecture du radiologue tenant compte des résultats des mammographies précédentes.
Bibliographie
[1] Lastier D, Salines E, Rogel A. Programme de dépistage du cancer du sein en France : résultats 2010, évolutions depuis 2006. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire ; 2013. 26 p.
[2] Nederend J et al. Trends in incidence and detection of advanced breast cancer at biennial screening mammography in The Netherlands : a population based study. Breast cancer research; 2012, 14.
[3] Arnold F., Thirion M., Historique des mammographies précédant le cancer détecté. Forum du programme de dépistage SFSPM, la Baule 2008
Près de 20% des cancers du sein invasifs diagnostiqués dans le programme de dépistage organisé (DO) mesurent plus de 20 mm [1]. Cette proportion semble assez stable sur la dernière décennie [2].
Objectif
Le but de ce travail était d’identifier les caractéristiques particulières chez les femmes présentant un cancer invasif de plus 20 mm détecté par le DO français.
Méthode
Cette étude rétrospective a été réalisée sur les cancers invasifs détectés entre janvier 2010 et décembre 2012 dans le cadre du DO. Trois groupes de variables ont été étudiés à l’aide de modèles de régression logistique multiple : histoire personnelle et comportement vis-à-vis du DO du cancer du sein, caractéristiques de l’examen de dépistage précédant la mammographie conduisant au diagnostic, caractéristiques histo-pronostiques de la tumeur. Les résultats sont présentés sous forme d’odds-ratio (OR) [intervalle de confiance à 95%]. Le recueil s’est fait par questionnaire adressé aux médecins coordinateurs du groupe ACORDE et à l’aide d’un format unique d’extraction des données.
Résultats
Au 21 août 2014, 72 départements ont participé, soit 34126 cancers invasifs dont 6706 de plus de 20 mm (21.6%).
Les femmes présentant un cancer de taille égale ou supérieure à 20 mm ont d’abord une faible participation au DO. On observe ainsi pour les femmes n’ayant participé qu’une ou deux fois au DO, nouvelles entrantes incluses, un OR de 1.48 [1.38-1.59] et que le risque d’avoir un cancer de plus de 20 mm augmente avec le délai entre deux examens : l’OR est de 1.61 [1.47-1.76] entre 3 et 5 ans, et de 2.19 [1.95-2.46] au-delà de 5 ans. On constate également qu’en l’absence de mammographie antérieure, le risque est de 2.43 [2.20-2.69]. Enfin, l’existence d’une mammographie antérieure réalisée à titre individuel (1.43 [1.32-1.55]) a également un impact, probablement lié au délai plus important entre les deux examens (médiane de 942 jours en cas de mammographie précédente réalisée à titre individuel, versus 779 jours en cas de mammographie précédente réalisée dans le cadre du dépistage organisé, p<0.0001).
D’autres facteurs ont été aussi retrouvés : Une densité mammaire élevée (BI RADS 3-4) (1.24 [1.14-1.34]), un examen clinique précédent anormal (1.67 [1.19-2.34]), une échographie réalisée lors de la mammographie précédente pour seins denses ou dans le cadre d’un bilan (1.21 [1.12-1.31]) et une mammographie positive lors du DO précédent sans bilan (diagnostic en attente, surveillance, refus…) ou sans suivi connu par la structure de gestion (1.26 [1.00-1.58]. Concernant le type de mammographe, 55% des mammographies précédentes ont été réalisées sur des appareils analogiques, 34% sur des appareils numériques à plaques et 11% sur des appareils numériques plein champ. L’impact d’une mammographie antérieure réalisée en analogique (1.42 [1.26-1.59]) doit être analysé avec prudence, compte tenu des changements technologiques observés durant la période d’étude.
A noter que le cancer de plus de 20 mm est plus fréquemment bilatéral (p=0.0015), multifocal (p<0.001), de grade SBR élevé (p<0.001), avec envahissement ganglionnaire (p<0.001) et triple négatif (p=0.0009). Il s’agit donc de tumeurs plus souvent agressives.
Discussion
La participation active des structures de gestion est un point fort essentiel de l’étude et a permis un recueil quasi exhaustif des données du DO entre 2010 et 2012.
Cette large étude montre l’importance du respect du délai de 2 ans entre 2 examens et de la fidélisation au DO, constatations comparables à celles relevées dans l’analyse du programme des Pays-Bas [2]. Le dépistage individuel ne permet pas de s’assurer d’un suivi régulier. L’absence de deuxième lecture peut aussi avoir augmenté le risque de faux-négatif lors de l’examen précédent. Par ailleurs notre étude confirme l’intérêt de considérer les examens précédents tant sur le plan clinique que radiologique pour mieux expliquer le stade de découverte du cancer [3]. S’il est possible d’envisager des actions sur les facteurs comportementaux identifiés, d’autres sont inhérents à la femme (la densité mammaire, par exemple) ou à la tumeur. Pour ces critères-ci, les moyens d’action sont limités en dehors d’innovations technologiques.
Conclusion
Après 10 ans de mise en œuvre du DO, des messages simples doivent être rappelés : la participation et la fidélisation sont 2 éléments clés pour tenter de réduire l’incidence des cancers de plus de 20 mm, de même que la qualité de la lecture du radiologue tenant compte des résultats des mammographies précédentes.
Bibliographie
[1] Lastier D, Salines E, Rogel A. Programme de dépistage du cancer du sein en France : résultats 2010, évolutions depuis 2006. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire ; 2013. 26 p.
[2] Nederend J et al. Trends in incidence and detection of advanced breast cancer at biennial screening mammography in The Netherlands : a population based study. Breast cancer research; 2012, 14.
[3] Arnold F., Thirion M., Historique des mammographies précédant le cancer détecté. Forum du programme de dépistage SFSPM, la Baule 2008
Messages clefs/take home message
Près de 20% des cancers invasifs détectés dans le DO mesurent plus de 20 mm. La fidélisation au programme et le respect d’un délai de 2 ans entre deux examens sont des facteurs clés pour tenter d’en réduire l’incidence.
Take home message en anglais
Recherche
Saissisez le ou les termes de votre recherche
RCP
Films
Les Mercredis de la SFSPM