Résumé VRYIZ
Cancers de plus de 20mm : y a-t-il eu un impact des évolutions technologiques ?
Advanced breast cancers : is there an impact of new technologies ?
B Séradour B (1), C Allioux (2)
(1) Association ARCADES, Parc Mûre Bat.A, 16 bd des Aciéries, 13010 Marseille, France
(2) Cap Santé Plus 44, 50 route de Saint Sébastien, 44200 Nantes, France
(1) Association ARCADES, Parc Mûre Bat.A, 16 bd des Aciéries, 13010 Marseille, France
(2) Cap Santé Plus 44, 50 route de Saint Sébastien, 44200 Nantes, France
mammographie numérique, dépistage cancer du sein
digital mammography, breast cancer screening
Contexte
Entre 2011 et 2013, selon l'enquête nationale réalisée par l’INCa en 2014 sur plus de 5 millions de dépistages, la technologie plein champ (DR) est passée de 32 à 52%, la technologie par plaques (CR) de 51 à 40% et l'analogique (A) de 17 à 8%. A partir de 2011 sont apparus de nouveaux CR à aiguilles (NIP) et en 2012, de nouvelles technologies DR. Ces nouvelles technologies CR et DR utilisées surtout en France n’ont pas encore été évaluées en pratique clinique.
Les rares publications internationales récentes (1, 2, 3) sur la transition film-numérique ne montrent pas de résultats très concordants sur le pronostic des cancers invasifs détectés par les systèmes numériques, et sur les cancers d’intervalle.
Objectif et méthode
L’impact du changement technologique concerne différents paramètres dont les facteurs de pronostic des cancers dépistés.
Nous avons analysé les caractéristiques des cancers invasifs détectés selon le type de technologie dans les programmes des Bouches-du-Rhône (13) et de la Loire-Atlantique (44) entre 2006 et 2013. Nos départements ont une activité annuelle proche (55 à 60 000 examens) et des taux de détection comparables, mais une participation au dépistage organisé (DO) différente : autour de 40% pour le 13 et plus de 60% pour le 44. Les cancers d'intervalle (taux et taille) ont également été étudiés. Les résultats présentés sont préliminaires.
Résultats
1 - Bouches-du-Rhône
Actuellement 91% des dépistages sont numériques. En 2013, 45 à 50% sont réalisés en DR. 35% des examens DR et 62% des CR sont sur de nouvelles technologies. Les taux de détection ont varié entre 2010 et 2013 de 4,7‰ (A) à 5‰ (DR) cancers invasifs. La proportion de cancers > 20 mm a été au total de 21,7% : 18,2% (A), 24% (CR) et 18,9% (DR). Cette proportion varie aussi selon le type de CR ou de DR. En comparaison, en 1990, avant le démarrage du DO, 32% des cancers invasifs mesuraient plus de 20mm entre 50 et 69 ans.
Ces cancers ont présenté plus de grades 3 et moins de N+ en numérique qu’en analogique (35% versus 17% grades 3 et 46% versus 50% N+). Les cancers lobulaires infiltrants ont été
plus fréquents en analogique qu’en numérique : 30% vs 23% en CR et 18% en DR.
L’impact le plus significatif a été retrouvé dans les seins denses (BI RADS 3-4), qui représentent 18% de la population de 50 à 75 ans : 41% des cancers détectés par l'analogique dans les seins denses mesurent plus de 20mm, contre 33% en CR et 25% en DR. Les systèmes DR ont permis en particulier une avance au diagnostic dans les seins denses.
2 - Loire-Atlantique
La transition vers le numérique a été rapide, passant de 22,3% en 2008 à 90% en 2010, où les systèmes CR étaient alors prépondérants (84,2%). A partir de 2013, les systèmes DR se sont étendus et représentent 77% des dépistages; 50,4% des DR et 24,3% des CR sont de nouvelle génération.
La détection de cancers invasifs a varié de 4,6‰ (A) à 5,3 ‰ (DR).
La proportion de tumeurs infiltrantes supérieures à 20 mm est de 16% : 14,6 % en A / 16,5 % en CR / 15,7% en DR. Avant le démarrage du DO en 1996, on relevait 22,5% de cancers invasifs > 20 mm en dépistage individuel (Registre des cancers) et cette proportion est restée stable pour 2007-2011 (23,9%).
Parmi les tumeurs > 20mm du DO, le type lobulaire est plus fréquent en analogique qu’en numérique (29,6% vs 26,2%). Elles sont plus souvent de grade SBR III en analogique (26,4%) et CR (22,8%) qu’en DR (14,6%). Le % de N+ est supérieur en numérique : 40,3% en CR et 46% en DR vs 31,3% en A ; il est équivalent dans les 3 technologies pour les T< 20mm (16%).
La proportion de seins denses (BI RADS 3 et 4) dans notre population dépistée est de 14,8%. On retrouve dans ce groupe 19,6% de cancers de plus de 20mm en analogique vs 21,7% en CR et 14,6% en DR. L’impact du numérique dans les seins denses paraît plus faible que dans le 13.
Discussion
Nos premiers résultats illustrent la complexité de l’analyse, de par la diversité des systèmes numériques, leurs variations dans le temps et la coexistence avec le dépistage individuel qui rend plus imprécises les mesures d’impact. La transition vers le numérique n’a pas modifié largement la détection des cancers invasifs en France ou à l’étranger. Nous n’avons pas constaté non plus depuis 2008 de diminution nette des cancers T2-3-4. Nous avons confirmé que les performances des CR ont été plutôt inférieures (4). Les premières analyses des cancers d’intervalle montrent des variations sur leur pronostic par système et par département. Il est trop tôt pour conclure sur des données partielles.
L’effet net des systèmes DR sur la densité mammaire retrouvé surtout dans le 13 est le seul bénéfice observé permettant un progrès chez les femmes plus jeunes en détectant plus tôt leur cancer.
L’observation des résultats par technologie doit surtout se poursuivre dans le DO, car les performances sont hétérogènes (enquête INCa 2014).
Conclusion
Comme dans les résultats étrangers, nos résultats préliminaires concernant l’impact du numérique sur les cancers avancés ne sont pas tous concordants. En France, la diversité des matériels rend l’évaluation plus complexe.
Bibliographie
[1] van Luijt PA, Fracheboud J, Heijnsdijk EA et al. (2013) Nation-wide data on screening performance during the transition to digital mammography. Eur J Cancer, 49:3517-3527.
[2] Hofvind S, Skaane P, Elmore JG et al. (2014) Mammographic performance in a population-based screening program: before, during, and after the transition from screen-film to full-field digital mammography. Radiology, 272: 52-62
[3] Prummel MV, Done SJ, Muradali D et al. (2014) Digital compared to screen-film mammography : breast cancer prognostic features in an organized screening program. Breast Cancer Res Treat. Doi 10.1007/s10549-014-3088-2
[4] Séradour B, Heid P, Estève J (2014) Comparison of direct digital mammography, computed radiography, and film-screen in the French national breast cancer screening program. AJR, 202:229-236
Entre 2011 et 2013, selon l'enquête nationale réalisée par l’INCa en 2014 sur plus de 5 millions de dépistages, la technologie plein champ (DR) est passée de 32 à 52%, la technologie par plaques (CR) de 51 à 40% et l'analogique (A) de 17 à 8%. A partir de 2011 sont apparus de nouveaux CR à aiguilles (NIP) et en 2012, de nouvelles technologies DR. Ces nouvelles technologies CR et DR utilisées surtout en France n’ont pas encore été évaluées en pratique clinique.
Les rares publications internationales récentes (1, 2, 3) sur la transition film-numérique ne montrent pas de résultats très concordants sur le pronostic des cancers invasifs détectés par les systèmes numériques, et sur les cancers d’intervalle.
Objectif et méthode
L’impact du changement technologique concerne différents paramètres dont les facteurs de pronostic des cancers dépistés.
Nous avons analysé les caractéristiques des cancers invasifs détectés selon le type de technologie dans les programmes des Bouches-du-Rhône (13) et de la Loire-Atlantique (44) entre 2006 et 2013. Nos départements ont une activité annuelle proche (55 à 60 000 examens) et des taux de détection comparables, mais une participation au dépistage organisé (DO) différente : autour de 40% pour le 13 et plus de 60% pour le 44. Les cancers d'intervalle (taux et taille) ont également été étudiés. Les résultats présentés sont préliminaires.
Résultats
1 - Bouches-du-Rhône
Actuellement 91% des dépistages sont numériques. En 2013, 45 à 50% sont réalisés en DR. 35% des examens DR et 62% des CR sont sur de nouvelles technologies. Les taux de détection ont varié entre 2010 et 2013 de 4,7‰ (A) à 5‰ (DR) cancers invasifs. La proportion de cancers > 20 mm a été au total de 21,7% : 18,2% (A), 24% (CR) et 18,9% (DR). Cette proportion varie aussi selon le type de CR ou de DR. En comparaison, en 1990, avant le démarrage du DO, 32% des cancers invasifs mesuraient plus de 20mm entre 50 et 69 ans.
Ces cancers ont présenté plus de grades 3 et moins de N+ en numérique qu’en analogique (35% versus 17% grades 3 et 46% versus 50% N+). Les cancers lobulaires infiltrants ont été
plus fréquents en analogique qu’en numérique : 30% vs 23% en CR et 18% en DR.
L’impact le plus significatif a été retrouvé dans les seins denses (BI RADS 3-4), qui représentent 18% de la population de 50 à 75 ans : 41% des cancers détectés par l'analogique dans les seins denses mesurent plus de 20mm, contre 33% en CR et 25% en DR. Les systèmes DR ont permis en particulier une avance au diagnostic dans les seins denses.
2 - Loire-Atlantique
La transition vers le numérique a été rapide, passant de 22,3% en 2008 à 90% en 2010, où les systèmes CR étaient alors prépondérants (84,2%). A partir de 2013, les systèmes DR se sont étendus et représentent 77% des dépistages; 50,4% des DR et 24,3% des CR sont de nouvelle génération.
La détection de cancers invasifs a varié de 4,6‰ (A) à 5,3 ‰ (DR).
La proportion de tumeurs infiltrantes supérieures à 20 mm est de 16% : 14,6 % en A / 16,5 % en CR / 15,7% en DR. Avant le démarrage du DO en 1996, on relevait 22,5% de cancers invasifs > 20 mm en dépistage individuel (Registre des cancers) et cette proportion est restée stable pour 2007-2011 (23,9%).
Parmi les tumeurs > 20mm du DO, le type lobulaire est plus fréquent en analogique qu’en numérique (29,6% vs 26,2%). Elles sont plus souvent de grade SBR III en analogique (26,4%) et CR (22,8%) qu’en DR (14,6%). Le % de N+ est supérieur en numérique : 40,3% en CR et 46% en DR vs 31,3% en A ; il est équivalent dans les 3 technologies pour les T< 20mm (16%).
La proportion de seins denses (BI RADS 3 et 4) dans notre population dépistée est de 14,8%. On retrouve dans ce groupe 19,6% de cancers de plus de 20mm en analogique vs 21,7% en CR et 14,6% en DR. L’impact du numérique dans les seins denses paraît plus faible que dans le 13.
Discussion
Nos premiers résultats illustrent la complexité de l’analyse, de par la diversité des systèmes numériques, leurs variations dans le temps et la coexistence avec le dépistage individuel qui rend plus imprécises les mesures d’impact. La transition vers le numérique n’a pas modifié largement la détection des cancers invasifs en France ou à l’étranger. Nous n’avons pas constaté non plus depuis 2008 de diminution nette des cancers T2-3-4. Nous avons confirmé que les performances des CR ont été plutôt inférieures (4). Les premières analyses des cancers d’intervalle montrent des variations sur leur pronostic par système et par département. Il est trop tôt pour conclure sur des données partielles.
L’effet net des systèmes DR sur la densité mammaire retrouvé surtout dans le 13 est le seul bénéfice observé permettant un progrès chez les femmes plus jeunes en détectant plus tôt leur cancer.
L’observation des résultats par technologie doit surtout se poursuivre dans le DO, car les performances sont hétérogènes (enquête INCa 2014).
Conclusion
Comme dans les résultats étrangers, nos résultats préliminaires concernant l’impact du numérique sur les cancers avancés ne sont pas tous concordants. En France, la diversité des matériels rend l’évaluation plus complexe.
Bibliographie
[1] van Luijt PA, Fracheboud J, Heijnsdijk EA et al. (2013) Nation-wide data on screening performance during the transition to digital mammography. Eur J Cancer, 49:3517-3527.
[2] Hofvind S, Skaane P, Elmore JG et al. (2014) Mammographic performance in a population-based screening program: before, during, and after the transition from screen-film to full-field digital mammography. Radiology, 272: 52-62
[3] Prummel MV, Done SJ, Muradali D et al. (2014) Digital compared to screen-film mammography : breast cancer prognostic features in an organized screening program. Breast Cancer Res Treat. Doi 10.1007/s10549-014-3088-2
[4] Séradour B, Heid P, Estève J (2014) Comparison of direct digital mammography, computed radiography, and film-screen in the French national breast cancer screening program. AJR, 202:229-236
Messages clefs/take home message
La transition du film au numérique n'a pas largement modifié la proportion des cancers invasifs de plus de 20mm
Take home message en anglais
The transition from film to digital mammography has not resulted in a large variation of the proportion of T2+ tumors
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