Résumé WK9L4
L’ainsi nommé lymphome anaplasique à grandes cellules associé à un implant mammaire (LAGC-AIM), sans masse tumorale. Comment le reconnaître ? Particularités morphologiques à l’attention des radiologues, des chirurgiens et des pathologistes
The so-called breast implant – associated ALCL, without a tumor mass. How to recognize it? Morphological particularities to the attention of radiologists, surgeons and pathologists
A Gressel (1), N Weingertner (1), C Dissaux (2), C Bruant-Rodier (2), MP Chenard (1), JP Bellocq (1)

(1) Département de Pathologie, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, 1 place de l’Hôpital, 67000 Strasbourg, France
(2) Service de Chirurgie Maxillo-Faciale et Réparatrice, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, 1 place de l’Hôpital, 67000 Strasbourg, France
lymphome (LAGC), implant mammaire, sérome, échantillonnage tissulaire
lymphoma (ALCL), breast implant, seroma, tissue sampling
Anatomie et cytologie pathologiques Chirurgie
Contexte
L’ainsi nommé lymphome anaplasique à grande cellules associé à un implant mammaire (LAGC-AIM) est de survenue très exceptionnelle mais l’estimation du risque est à ce jour considérée comme approximative. En mars 2015, 18 cas étaient répertoriés en France sur 400 000 porteuses de prothèses, et 173 à l’échelle mondiale (1). Il se révèle par un sérome péri-prothétique rapidement évolutif ou récidivant. Le terme recouvre semble-t-il 2 entités à évolution clinique très différente : a) celle avec masse tumorale en contact avec la capsule péri-prothétique, voire étendue au-delà, évoluant comme un lymphome classique et à traiter comme tel, et b) celle sans masse tumorale associée, la moins rare, à développement purement capsulaire, traitée et guérie par l’ablation de la capsule péri-prothétique mais nécessitant néanmoins par principe un suivi attentif. Deux cas sans syndrome tumoral, recensés au CHU de Strasbourg en 2013 et 2015 sur une série de 391 capsulectomies colligées pendant les 10 dernières années, ont soulevé la question de leur identification.

Objectif
Insister sur l’expression morphologique occulte des LAGC-AIM sans masse tumorale associée pour les identifier ou en écarter le diagnostic avec sûreté.

Observations
Dans les 2 cas l’aspect macroscopique des capsules s’avérait banal, sans point d’appel. La lésion ne pouvait être identifiée qu’à l’examen au microscope. Elle se présentait sous l’aspect d’amas épars de grandes cellules lymphoïdes CD30+ ALK-, en fines bandes millimétriques localisées entre la capsule et la couche de fibrine développée en regard de la prothèse.
Ces amas n’étaient présents que dans 3/12 et 3/11 des échantillons capsulaires prélevés lors de l’examen macroscopique initial (respectivement 3/3 et 3/6 des blocs en paraffine réalisés), puis 8/47 et 9/30 des échantillons capsulaires prélevés in fine, après ré-échantillonnage dans un second temps (respectivement 8/13 et 6/11 des blocs en paraffine), soit au total dans 17% et 30% des échantillons.
La cytologie des séromes révélait des cellules CD30+ en très faible quantité.

Discussion
Ces 2 observations de LAGC-AIM, sans foyer tumoral associé, ont conduit à 4 constats d’ordre morphologique, estimés utiles pour la prise en charge anatomo-pathologique :
1. Les micro-amas lymphoïdes atypiques étaient de localisation segmentaire et focale.
2. Ils étaient situés au contact de la fibrine, à la surface interne de la capsule.
3. Ils étaient associés à un infiltrat inflammatoire chronique prédominant, de fait commun à toutes les capsules : amas de macrophages et amas lympho-plasmocytaires intra-capsulaires.
4. Les séromes renfermaient des grandes cellules lymphoïdes CD30+ ALK-, mais très peu nombreuses.
Conclusion
La rareté des LAGC-AIM sans foyer tumoral associé pourrait être en partie liée à la difficulté à les identifier, vu leur aspect morphologique peu expressif. De ces constats découlent dans notre pratique de routine 4 principes :
1. Augmenter l’échantillonnage en cas de capsulectomie pour sérome important ou récidivant.
2. Rechercher la lésion en regard de la zone de réaction fibrineuse de surface.
3. Etre attentif au fait que l’infiltrat quantitativement dominant est de nature inflammatoire chronique, banal.
4. Etre averti du fait que la cytologie des séromes est positive mais très pauvre en cellules CD30+ ALK-.

Référence
1) Lymphomes anaplasiques à grandes cellules associés à un implant mammaire. Avis d’experts. Publication de l’INCa, 10/03/2015.
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